Tunisie- Situation bloquée.
La situation en Tunisie est bloquée. Le Dialogue national instauré entre
les Frères musulmans d’Ennahda et les partis démocratiques a avorté. L’UGTT,
sur laquelle comptaient beaucoup de Tunisiens, n’a rien fait de convaincant, jusqu’ici. Certains se rassurent, parce qu’un
calme apparent règne en Tunisie. Pas de violence dans les rues, pas de nouveaux
assassinats politiques…Tout va bien…
Mais, non, tout va mal ! Ennahda, avec Ghannouchi à sa
tête, agit dans l’ombre avec subtilité. Il continue à pousser ses pions. Des
magistrats favorables à son idéologie islamiste totalitaire, viennent encore d’être
nommés. Ennahda continue à placer ses proches dans les postes de direction
dépendant de l’état tunisien. Le contrôle des médias s’accentue et de nombreux
journalistes sont entravés dans leur volonté de pratiquer une information
libre. D’ailleurs, hors de Tunisie, l’information
dénonçant les pratiques des islamistes est perçue comme moins forte, comme si
déjà la peur s’était instillée chez ceux qui ont la charge d’informer. La
prison menace les artistes comme les blogueurs contestataires, dont certains
sont toujours derrière les barreaux.
En fait, Ennahda a intelligemment laissé l’opposition se
rassembler au Bardo et manifester à Tunis, sans l’entraver, pendant qu’elle
continuait à tisser sa toile d’araignée pour imposer l’ordre islamiste. Une
police aux ordres, une armée aux ordres, une justice aux ordres, des médias
sous contrôle…Il reste la Constitution…Il suffit désormais à Ennahda de faire
passer un article qui soit favorable à l’instauration d’un état islamiste, pour
qu’il soit interprété en faveur de la mise en place d’une dictature islamiste
basée sur une shaaria restrictive des libertés fondamentales. Un délai a été
fixé : il faut que tout soit bouclé dans un mois et demi !
Pendant ce temps, le président tunisien Marzouki, qui passe
à l’étranger pour un défenseur des libertés, mais qui, en réalité, est totalement aux ordres d’Ennahda, donne une interview dans Le Monde. Il
dédouane Ennahda, dénonce les violences des « salafistes », les
terroristes d’Ansar Al Charia, proches d’Al Qaida, alors qu’Ennahda est en
contact avec ces groupes terroristes et négocie avec eux. Duplicité abusant les médias français, qui ne comprennent pas le
double jeu autorisé par la pensée islamique, pour laquelle seule compte la
volonté d’Allah et pour laquelle mentir aux incroyants fait partie du jeu.
L’heure est à l’urgence, mais, autant les démocrates
tunisiens que les observateurs extérieurs paraissent s’accommoder de la
situation actuelle, semblant accepter les règles fixées par Ennahda. Alors qu’il
est vital de réagir très fortement et tout de suite, avant qu’il ne soit trop
tard. Une querelle de chefs bloque-t-elle l’opposition démocratique tunisienne ? La
profusion de petits partis et de leaders ne facilite certainement pas les
choses. Un sursaut des démocrates tunisiens, appuyés par un peuple qui n’en
finit plus de souffrir, est-il encore possible ?
Michel le Tallec